PROFILE: VANYA

 

LE PROFILE: VANIA
LE FARCE SUR COMMENT IL FAUT VIVRE

Pendant tout un siècle on ne prenait pas au sérieux Tchekhov lorsqu’il disait et écrivait qu’il ne fallait pas jouer ses œuvres avec beaucoup de sérieux. J’avoue que moi-même j’avais du mal à laisser tomber la rigueur académique de la mise en scène de ses œuvres. La vénération est quelque chose de magique. Le fait est que nous tous – qui, un siècle plus tard, travaillons sur Tchekhov, et lui même d’ailleurs aussi, – sommes enchantés par l’homme qui a promu Tchekhov comme l’un des plus grands dramaturges de l’histoire du théâtre du monde. Il s’agit de Monsieur Stanislavski en personne ! Il faut comprendre que chez Tchekhovil s’agit d’un grand malentendu des genres, peu importe les arguments que nous pouvons citer dans ce sens – il ne s’agit que d’une position académique avec un autre indice. Traverser son œuvre , la faire vivre dans un registre comique est un autre exercice beaucoup plus difficile et engageant. De plus, cette démarche nécessite des explications supplémentaires, même s’il est plus nécessaire d’expliquer justement la mise en scène classique, réaliste psychologique de cette pièce qui qui dans son crescendo a deux tir de revolver de près, les deux ratés. Au départ, je pensais que la suppression du coté psychologique et du vécu impliquait une dramatisation radicale et une nouvelle adaptation. En travaillant sur la pièce je suis retourné vers l’original comme si finalement ce qu’on présente est complétement Tchekhov, même si cela vous semble étrange.

Dans la dramatisation, il y a quelques coupes techniques (pour des raisons de rythme et aussi pour supprimer, pour cette occasion, la localisation dans le temps et dans l’espace… Le personnage de la Nounou Marina a été supprimé par le besoin de supprimer l’iconographie seigneuriale très présente dans ce personnage mais aussi la retraite archi-maternelle et thérapeutique que les autres personnages retrouvent dans Marina. Quelques petits rajouts avec des épanouissements verbaux dans le sens de l’hypertrophie orale intellectuelle – donc uniquement pour souligner le style et non pas le contenu. Le Profil : Vania est à la fois une parodie et un hommage (il faut souligner que une parodie en tant que geste artistique comprend automatiquement l’hommage). Comme ce que l’Oncle Vania était dans Tchetkov. Chez Tchetkov dans le pressentiment et la désignation et dans la pièce Le Profil de Vania dans une approche pop-art explicite (rappelons que l’On,ce Vania est une auto-citation et la réplique de sa propre oeuvcre de jeunesse L’esprit de la forêt. Entre ces deux œuvre le docteur Tchetkov, un homme extrêmement drôle, idéaliste et illuminateur, médecin populaire fut atteint de la tuberculose et de l’hémorragie. Il s’en est sorti renforcé et encore plus spirituel. Il a découvert le principe de l’éphémère, le caractère passager, quelque chose qui unit la vie et le théâtre. Il a découvert que la connaissance et l’apprentissage ne sont qu’une petite tache sur une grande ignorance omniprésente.

Tchekhov ressemble tellement à la vie qu’on opte pour une interprétation réaliste. Pourtant il ne l’est pas. C’est plutôt l’occasion pendent ces deux heures de gloire lorsque l’épisode a été éclairé et sa place. quelque chose qui finira, comme la vie d’ailleurs, par la phrase « le rideau tombe doucement ». Tchekhov nous guide vers le théâtralisme magique, l’interprétation de sa propre vie. Par conséquent, les personnages ne sont pas dramatis personae dans le sens classique du terme. Ils ne sont pas fait pour créer une situation dramatique, mais il s’agit des formes de vie et sont là pour créer le théâtre d’eux mêmes. Simplement, leurs actions n’ont aucune conséquence irrémédiable, à part qu’ils indiquent qu’à chaque moment ils sont sur scène éloignés du début et proches de la fin de leurs mandat dans ce monde. Mon intention était de faire une pièce qui chatouille, caresse, enivre en laissant un goût amer comme le champagne qui, selon le témoignage d’ Olga Kniper, a été bu par le mari de celle-ci Anton Pavlovitch, qui par la suite se tourna tranquillement sur le coté, comme s’il allait s’endormir… et expira.

Žanko Tomić

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Selon L’oncle Vania d’ A.P. Tchekov
LE PROFILE: VANIA
La farsa sur la bonne façon de vivre
Adaptation, mise en scène: Žanko Tomić

Avec:
Miroslav Fabri
Jovana Stipić
Sanja Mikitišin
Aleksandra Pleskonjić
Milorad Kapor
Igor Filipović
Aleksandar Gajin

Costumes: Staša Jamušakov
Musique: Gabor Fišer
Scénographie : Žanko Tomić
Choix de la musique: Žanko Tomić
Graphisme: Vladimir Strajnić